En quoi la Loi Touraine va t elle faire diminuer la qualité des soins ?
Encore une fois pourquoi le gouvernement tient-il autant au tiers payant ?
Pour avoir le pouvoir sur les prescripteurs et donc contrôler les dépenses: il y a trop d'arrêts de travail ? Il n'y aura qu'à décider qu'il faut faire baisser les indemnités journalières de10% et ils pourront nous forcer à prescrire moins d'arrêts de travail ? (il existe déjà des référentiels de durée d'arrêt de travail: lombalgie aiguë pour un travailleur de bureau = zéro jour d'arrêt de travail !)
Il faut plus de génériques ? Il n'y a qu'à demander, et ainsi de suite, pour les antibiotiques, les génériques, les prescriptions de soins de kinésithérapie, d'infirmière, de bons de transports ...
Et nous ne pourrons plus résister, ni défendre nos patients, sauf à se déconventionner (rompre la convention qui nous lie à la sécurité sociale, mais les patients ne seront plus remboursés) ce qui résoudra aussi le problème du trou de la sécurité sociale mais aboutira à une médecine à plusieurs vitesses.
Pourquoi nous ne pourrons pas résister ? car cette loi donne tout pouvoir à l'état sur notre travail, et le tiers payant en est le bras armé, à savoir que l'état pourra nous couper les vivres comme ils l'ont fait pour des pharmacies qui rechignaient à délivrer des médicaments génériques.
Actuellement, il existe le "délit statistique": nous pouvons être convoqués pas les caisses si nos statistiques diffèrent trop de nos confrères (en terme d'arrêts de travail, bons de transports ...) et nous pouvons avoir des sanctions (amendes, mise sous entente préalable (toute demande doit être d'abord confirmée par un médecin conseil), obligations d'améliorer nos chiffres...), mais nous pouvons nous défendre, en attendant une décision nous pouvons continuer à vivre car nous sommes payés par nos patients. Demain, avec cette loi nous ne pourrons plus nous défendre, il n'y aura plus de contre-pouvoir et nous n'aurons qu'à courber l'échine. Demain, toute notre activité sera gérée de cette façon, et nous aurons une médecine statistique, une médecine de quotas: il y a une moyenne et nous ne devrons pas nous en éloigner, quitte à aboutir à des décisions médicales aberrantes et à une restriction des soins.
Ensuite lorsque la sécurité sociale sera privatisée,notre objectif au quotidien ne sera pas de fournir les meilleurs soins mais il sera d'augmenter les marges des mutuelles et des assureurs, situation que je n'ose même pas imaginer !
Voici un texte du président de l'UFML (Union Française pour une Médecine Libre, qui n'est pas un syndicat mais une association de médecins), point de vue qui peut paraitre catastrophiste mais hélas, tous les éléments s'associent trop bien entre eux: c'est cette direction qui est prise !
http://ufml-asso.org/mot-du-president/109-pourquoi-je-demande-le-retrait-de-la-loi-de-sante.html
Ensuite voici des articles d'économistes de la santé, donc a priori, avec un regard plus neutre.
Voici un article d'un économiste de la santé, enseignant à Science Po, qui explique les conséquences de la loi de santé: rationnement des soins, transfert aux assurances privées, poursuite de la dégradation de notre système de santé depuis 20 ans ...
A noter que le Huffington Post est un journal associé au Monde (liens réciproques sur leur site internet)
http://www.huffingtonpost.fr/frederic-bizard/urgences-greves-tourner-la-page_b_6371388.html
Un autre article du même auteur qui insiste sur la question du rationnement des soins (système à l'anglaise)
Le même article (je pense) publié dans Le Figaro
Et voici en article d'un autre économiste de la santé très connu, en France, Jean de Kervasdoué, dans lequel il critique la loi, expliquant qu’elle n'apportera rien en terme d'accès aux soins, qui est pourtant l'objectif officiel du gouvernement. Après que faut il conclure ? Que les rédacteurs du projet sont bêtes car ils ont raté leur cible ? (mais cela est tellement évident que cela en serait inquiétant). Ou y a t il un autre objectif ? Et, là, on revient au début de l'article ... (à noter que cet objectif d'une médecine sous tutelle ne parait à aucun de nos deux économistes une voie à même d'améliorer la qualité des soins ...)
Greve-des-medecins De Kervasdoue---Le-Monde-pdf.pdf
Nous avons donc deux des trois plus éminents économistes de la santé qui critiquent ce projet de loi, ce qui n'est pas rien.
A noter également une critique de la réforme consistant à offrir une mutuelle aux salariés dont il considère qu'elle coûte trop cher pour ce que c'est (6250 euros par an par salarié pour avoir une mutuelle !) dont 500 millions de recettes en moins pour la Sécurité Sociale. J'en profite pour critiquer la tendance des hommes politiques qui ont la fâcheuse habitude quand une catégorie socioprofessionnelle se plaint d'accorder des réductions de charge qui se font très souvent sur le dos de la Sécurité Sociale (idem pour la défiscalisation des heures supplémentaires), et ensuite, ils se plaignent du fameux "trou" de cette même sécu, en demandant plus d'économies alors qu'ils taillent régulièrement dans ses recettes !
Voici l'avis de l'académie de chirurgie (une société savante) qui considère que cette réforme va pénaliser l'accès aux soins, et également donner aux Agences Régionales de Santé un drooit de vie ou de mort sur les cliniques privées !( ce sera le cas pour tout le secteur libéral, pour votre médecin généraliste aussi)
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