Le vrai coût de la Loi Santé, les cadeaux aux mutuelles et autres conflits d'intérêt ...
Le gouvernement essaie de faire croire aux Français que cette loi ne coûtera rien, et comme souvent dans toute la communication qui entoure cette loi, c'est faux !
- le cout de la mise en place se chiffre en centaines de millions d’euros : c’est pour cela que cela ne pourra pas être fait avant 2017, car cela nécessitera une mise en place très complexe, des modifications des systèmes informatiques des CPAM et de toutes les mutuelles, qui prendront entre 2 et 3 ans selon les premières estimations (qui se révèlent très souvent exagérément optimiste; référez-vous aux milliards absorbés par un Dossier Médical Personnel qui ne fonctionne toujours pas ! ).
Alors, certes, le coût sera majoritairement supporté par les mutuelles, mais il ne faut pas s'inquiéter pour elles ; elles sauront répercuter ce coût sur leurs adhérents ! (j'écris cela car c'est Catherine Lemorton, je crois, qui a dit que ce serait " gratuit pour le contribuable": mais le citoyen lui paiera plus cher sa mutuelle ; la politique ou l'art de faire croire autre chose que ce que l'on dit)
De plus, cela doit faire réfléchir le plus grand nombre: pourquoi ces organismes à but lucratif (la différence assurances et mutuelles me paraît plus théorique que pratique ...) dépenseraient des centaines de millions d'euros pour simplifier la vie des médecins ? (c'est leur argument). C'est parce qu'ils ont beaucoup plus à gagner ensuite ... à gagner sur le dos de qui ?..
- cela augmentera le nombre d’actes : ne serait ce que parce que pour compenser notre manque à gagner, et en raison de la facilité à le faire, nous ne ferons plus d’actes gratuits : tous les jours, plusieurs fois par jour nous rendons service aux patients, nous répondons à des questions, rassurons, examinons , sans demander 23 euros à la fois pour le geste commercial et aussi parce que parfois cela ne le justifie pas.
Demain nous perdrons de l'argent car il y a beaucoup d'argent que nous ne pourrons pas récupérer, et aussi parce qu'il faudra compenser le temps que nous passerons à récupérer nos tiers payants. Je rappelle que les différentes études chiffrent le coût du tiers payant entre 4 et 5 euros pour une consultation à 23 euros, je précise que ce qu'il ne me reste après impôts que 8 euros sur une consultation à 23 euros (et cela descendrais encore si je prenais en compte mes prêts professionnels)
de plus, du côté patients, vous avez cet article anglais, qui dit que le tiers payant a encombré les cabinets médicaux de rendez-vous inutiles (doublons, ou consultations non réfléchies) : http://www.theguardian.com/commentisfree/2015/jan/06/nhs-cant-survive-without-payment-frontline-treatments
- la mise en place à marche forcée de ce tiers payant pousse la ministre, pour des raisons idéologiques à le faire tout de suite pour les patients en ALD (Affection Longue Durée), car la sécurité sociale peut payer toute la dépense, mais normalement cela ne concerne que certaines pathologies qui sont en ALD, et là toutes les pathologies seront prises à 100% ce qui entrainera un surcout, car la sécurité sociale ne saura pas récupérer l’argent auprès des mutuelles . D’où son refus de réformer ce dispositif comme préconisé par la direction générale du Trésor (cf. courrier ci-dessous).
Et au contraire de majorer les dépenses puisque tout sera en ALD (alors que l’on essaie de bien faire notre travail en différenciant ce qui est ALD ou pas, que les caisses contrôlent incitent font pression voire portent plainte pour mésusage de l’ALD.
C'est extrêmement frustrant quand depuis des années on cherche à ne pas faire dépenser à la sécu ce qui relève des mutuelles , quand certains médecins sont trainés devant les tribunaux pour ce motif, de voir une ministre entrainer des dépenses infiniment plus élevées pour des raisons idéologiques et néfastes…
- l’ « or gris » de l ‘open data des données de santé donné aux mutuelles sans contre partie pour l’Etat … Si on l'appelle l'or gris, c'est parce que cela vaut des milliards d'euros. L'état le donne aux organismes complémentaires qui pourront s'en servir pour que chaque client paye le cout de sa mutuelle plus cher que ce qu'il est remboursé ... Adieu la solidarité ... Ces données pourront être vendues à des organismes privés ou publics, à des laboratoires ...
Donc les grands gagnants (les seuls ?) de cette loi sont les assureurs et mutuelles (c'est pourquoi nous voyons partout Etienne Caniard défendre cette loi)
Et quelles contreparties donnent ils à l’État, ou aux Français ?
Je pose la question car je pense qu'il n'y en a aucune (aucune officielle à ma connaissance mais on ne connait pas toujours tout), sauf celle d'un retour d'ascenseur car les mutuelles sont d'excellentes biberonneries pour futurs hommes politiques: regardez cette vidéo à partir de 4 mn mais avant c'est également intéressant http://www.dailymotion.com/video/x2g3fmu_privatisation-rampante-de-la-secu_news
Rien que pour le Finistère, nous avons Mr Richard Ferrand, député socialiste de Carhaix, salarié de la mutuelle de Bretagne, toujours rémunéré malgré ses rémunérations de conseiller régional et de député http://www.hatvp.fr/livraison/dossiers/ferrand-richard-dia-depute-29.pdf.
Et comme par hasard, Mr Ferrand est rapporteur de la commission des affaires sociales à l'Assemblée Nationale, commission qui a travaillé sur cette loi santé ... Pour un repas à 35 euros, les médecins sont jetés sur la place publique dans tous les médias pour conflit d'intérêts. Ici, si ce n'est pas du conflit d'intérêt ...
Une autre vidéoo, où Mr Lacam, délégué général du CTIP (Centre Technique des Institutions de Prévoyance, une des 3 familles d'assureurs avec la FNMF et la FFSA), dit avec un sourire de plaisir évident, que les assureurs auront accès aux données médicales, avec pour objectif "d'augmenter leur solvabilité" (c'est-à-dire de gagner plus d'argent..).
- le cout de la loi ANI (mutuelle employeurs) est de 1 /2 milliard rien que pour la sécu (Greve-des-medecins De Kervasdoue---Le-Monde-pdf.pdf), au bénéfice des mutuelles, .En plus le financement a été imaginé en plein emploi, et maintenant avec 10 millions de chômeurs, ce n’est plus du tout comparable ... de plus les responsables politiques de tout bord ont tendance lors des mouvements sociaux à accorder des baisses de charges (notamment pendant les années Sarkozy), et qui dit baisse de charges, dit baisse de recettes pour la sécurité sociale. Après, ne nous étonnons plus du trop fameux "trou de la sécu" !
Après de grandes économies peuvent être faites en transférant les remboursements de l’assurance maladie aux complémentaires, ce qui est prévu par ceux qui ont réfléchi la loi, mais dans ce cas, on parle de privatisation de la sécurité sociale (cf article correspondant) on va vers un système profondément inégalitaire fondé sur l’argent …
Et les Français auront raison de se sentir trahi quand ils s'apercevront que ce qu'on leur avait présenté comme une mesure de gauche, abouti à une privatisation de leur sécurité sociale !!
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